Intervention à Kigali lors de la rencontre du réseau VIH/SIDA, tuberculose et paludisme de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie qui s’est réunie du 24 ou 27 août.

Intervention à Kigali lors de la rencontre du réseau VIH/SIDA, tuberculose et paludisme de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie qui s’est réunie du 24 ou 27 août.

Monsieur le Président,

Chers et chères Collègues,

En ce qui concerne la lutte contre la pandémie du VIH/SIDA/sida, la Suisse dispose d’un Programme national VIH/SIDA et autres infections sexuellement transmissibles qui se décline par période de 4 ans et s’appuie sur l’expérience d’un travail de prévention de près de 30 ans, mené avec succès. Le programme actuel, valable pour la période 2018-2021, intègre pour la première fois d’autres infections sexuellement transmissibles (IST), en plus du VIH/SIDA. Le programme pour les quatre prochaines années 2022 - 2025 est en cours d’élaboration, en partenariat avec l’ensemble des institutions officielles nationales et cantonales concernées et nombre d’acteurs de la société civile. 

La mise en œuvre du programme s’articule autour de trois axes principaux :

  • la prévention VIH/IST au sein de la population générale (axe 1) ;
  • la prévention au sein des groupes à risque d’exposition élevé (axe 2) ;
  • le suivi des personnes vivant avec le VIH/SIDA et de leur(s) partenaire(s) (axe 3).

Comme pour les autres pandémies, le dépistage et les conseils sont placés au centre de la stratégie. 

Au niveau des chiffres, la Suisse compte environ 16'600 personnes infectées par le VIH/SIDA.  Le nombre de cas déclarés est en constante baisse et n’a pas dépassé la barre des 500 cas pour la quatrième année consécutive. En 2020, ce sont même seulement 236 cas d'infection par le VIH/SIDA qui ont été signalés. Cela correspond à environ un tiers de moins par rapport à 2019.

Selon les spécialistes, cette diminution importante des infections s’explique par deux facteurs majeurs. 

Le premier facteur est de nature conjoncturelle, à savoir la diminution de l’activité sexuelle liée aux mesures de semi-confinement ordonnées en raison de la pandémie. Certes, les autorités ne disposent d'aucune donnée sur le comportement sexuel de la population. Toutefois, les statistiques portant sur le nombre de consultations dans les centres suisses de dépistage du VIH/SIDA et autres infections sexuellement transmissibles fournissent des indications à ce sujet. Ces statistiques montrent qu'immédiatement après l'instauration du semi-confinement, le nombre de visites dans les centres de dépistage a chuté. Le niveau initial des visites n'a été retrouvé qu'à la mi-septembre 2020, soit après la pause estivale qui a suivi le dé-confinement suite à la première vague. La baisse des infections liées aux autres maladies sexuellement transmissibles confirme également l’hypothèse de la diminution de l’activité sexuelle. 

Le deuxième facteur à l’origine de la baisse des infections est de nature structurelle. Il renvoie aux premiers effets de la prophylaxie préexposition sexuelle, dite « Prep ». En Suisse, depuis deux ans, le programme swissprepared permet en effet d'avoir accès au médicament pour la prophylaxie de préexposition sexuelle pour 40 francs par mois, soit 1,30 francs par jour, correspondant au tiers du prix d’un café. Quelques 3000 personnes sont inscrites dans le programme, principalement des membres de la communauté homosexuelle masculine, qui reste la plus touchée par le VIH/SIDA. Au vu de l’efficacité du traitement à 99%, cela contribue de manière substantielle à la réduction des infections. 

De manière générale, la Suisse est bien positionnée en matière de lutte contre le VIH/SIDA. En effet, les objectifs de la cascade de traitement du VIH/SIDA de l’ONUSIDA fixés pour réaliser l’objectif de développement durable en matière de VIH/SIDA sont tous atteints : 93% des personnes vivant avec le VIH/SIDA ont été diagnostiquées ; 97% des personnes diagnostiquées sont sous traitement médicamenteux et, parmi ces personnes sous traitement, 96% ont atteint l'objectif de la thérapie, soit la réduction de la charge virale ne permettant plus la transmission.

En Suisse comme ailleurs dans le monde, le télescopage de la pandémie du Covid-19 avec celle du VIH/SIDA a suscité beaucoup de préoccupations au sein des réseaux de soins des patients porteurs du virus du VIH/SIDA. En effet, l’arrivée abrupte de la pandémie de Covid-19 sur le territoire helvétique a conduit les structures sanitaires à mettre une priorité immédiate et absolue sur les soins aux patients atteint du Covid-19. Les centres d’analyse ont, eux aussi, donné priorité aux tests de dépistage du Covid-19. 

C'est finalement toute la chaîne de la lutte contre le VIH/SIDA qui s'en est trouvée impactée et, souvent, les spécialistes se sont sentis démunis face à leurs patients atteints du VIH/SIDA. En effet, nombre de médecins ont dû arrêter du jour au lendemain de voir ces derniers et n’ont plus pu faire d’examen de charge virale pour vérifier l'efficacité des traitements. Toutefois, la situation s’est progressivement stabilisée et le suivi normal des malades porteurs du VIH/SIDA a pu reprendre. 

Avant de conclure, je soulignerai encore un point. 

Une centaine de déclarations de cas de discriminations parviennent chaque année à l’Aide Suisse contre le Sida. Or, les spécialistes considèrent que ce n’est là que la partie visible de l’iceberg ; ils estiment que les cas sont au moins dix fois plus nombreux. En d’autres termes, trois personnes sont discriminées chaque jour en Suisse, en raison d’une maladie que l’on peut très bien traiter. Ainsi, l’année passée, lors de la Journée mondiale de lutte contre le sida, le 1er décembre, l’Aide suisse contre le Sida a lancé une campagne « zéro discrimination », visant à sensibiliser la population à ces discriminations, mais aussi le corps médical, qui fait également preuve d’ignorance sur la situation des personnes porteuses du VIH/SIDA et qui est malheureusement encore à l’origine d’actes discriminatoires. 

Pour ce qui est de la tuberculose, la pandémie n’est pas significative : elle concerne environ 500 cas par an. Elle touche en majorité des personnes migrantes. Ici aussi, il est procédé à la prévention, au dépistage, et au suivi médical. 

Pour conclure, j’adresse encore une fois, au nom de la délégation suisse, des remerciements au Parlement et à la délégation du Rwanda, tout comme au secrétariat du Réseau pour la tenue cette rencontre en présentiel ici, dans la belle ville de Kigali et ce, malgré la pandémie de Covid-19.

Merci de votre attention. 


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